Axe 3 : Qualité de l’air et mobilité quotidienne

Thème 3 : Qualité de l’air et mobilité quotidienne

Nadège Martiny et Justin Emery

La surveillance et la prévention de la qualité de l’air liée à la présence de particules en suspension dans l’air ambiant sont de véritables enjeux de santé publique (Makri et Stilianakis, 2008). D’après une étude de Santé Publique France menée en 2016, 48000 décès par an pourraient être attribués à la pollution particulaire, touchant majoritairement les villes de plus de 100.000 habitants.  Cette pollution, qui concerne les particules fines, provient essentiellement des activités humaines et en particulier du trafic. Ainsi, dans la plupart des aires urbaines européennes, le trafic contribue au dépassement des seuils et normes de la qualité de l’air pour les particules de diamètres inférieurs à 10 et 2.5 microns (AEE, 2014). Il s’agit d’une pollution de proximité, au plus proche des sources (Colvive et al., 2000), et qui, par suite, a une variabilité spatiale très importante. Par ailleurs, elle se caractérise par l’émission de polluants dont la durée de vie est courte, allant de la minute à la journée. Dans ce contexte il est essentiel de caractériser la pollution particulaire à haute résolution spatio-temporelle.

La méthodologique envisagée pour caractériser cette variabilité des particules fines repose sur un couplage entre modélisation de la mobilité quotidienne et mesures in situ de la qualité de l’air. Sur la partie mobilité, la métropole de Dijon dispose d’un réseau d’environ 200 capteurs qui comptent le nombre de véhicules depuis 2001. Cette source d’information a été utilisée dans le cadre d’une thèse pour reproduire par modélisation la charge de trafic sur l’ensemble des axes routiers, toutes les 15 minutes pour une durée de 24 heures. Ce résultats, couplé à un modèle de pollution atmosphérique utilisé par les agences de qualité de l’air (AASQA), a permis d’estimer la pollution aux particules fines. Cette démarche de modélisation a été baptisée SCAUP : (Simulation multi-agents à partir de Capteurs Urbains pour la Pollution atmosphérique automobile). Le programme POPSU permettra d’améliorer cette démarche en déployant un réseau fixe de 20 microcapteurs développés par UB/IRD capables de produire trois types de relevés PM10, PM2.5 et PM1.0. Ce premier réseau connecté de mesures de qualité de  l’air à Dijon sera complété par des mesures mobiles de pollution carbonée (micro-aethalomètre portatif). Ce nouveau dispositif sera installé au même moment que les sondes de températures précédemment évoquées et intégré dans la plateforme urbaine d’expérimentation.

Sonde QameleO, rue du Faubourg Raines

Cette convergence des instruments de mesure permettra de fournir un monitoring environnemental conçu pour observer les températures urbaines, la qualité de l’air et l’évolution de la mobilité à des échelles spatiales fines et sur des intervalles temporels sélectionnés par l’utilisateur. Au-delà de l’observation, l’objectif est d’étudier les effets combinés des ICU et de la dégradation de la qualité de l’air sur les populations les plus vulnérables (Vandentorren et al., 2004 ; Willett and Sherwood, 2012 ; Delcloo et al., 2016). Cette analyse de la multi-exposition répond bien aux objectifs fixés par les Plans Climat Énergie Territoriaux (PCET), relayés par les Plans Climat Air Énergie Territoriaux (PCAET). Depuis la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, ces documents fixent le cadre d’engagement du territoire selon deux objectifs : 1/ Participer à atténuer le changement climatique en limitant les émissions de gaz à effet de serre, 2/ Adapter le territoire aux effets du changement climatique. Le résultat de ces études permettront d’alimenter la réflexion et pourraient participer à la définition et la planification d’engagements inscrits dans un agenda.

Les résultats attendus sont :

  • Mise en œuvre d’un réseau de mesures intelligent, pour la qualité de l’air
  • Mise en relation du PC route avec le data center de l’Université de Bourgogne
  • Création d’un réseau entièrement dédié au monitoring « environnemental »
  • Instrumentation de sites représentatifs du niveau de pollution particulaire
  • Discussion avec élus et services compétents pour compléter les réflexions sur le PCAET