Axe 2 : Changement climatique et îlot de chaleur urbain (ICU)

Thème 2 : Changement climatique et Îlot de Chaleur Urbain 

Yves Richard – Benjamin Pohl

 

Avec le changement climatique, les canicules ou vagues de chaleur sont des phénomènes qui se développent, que ce soit au regard de leur fréquence, de leur intensité, de leur durée ou de la période de l’été pendant laquelle elles interviennent. Toutes les études convergent pour indiquer que ces événements devraient encore s’intensifier dans les décennies à venir (Schoetter et al., 2015 ; Ouzeau et al., 2016). Ces canicules se produisent lors de situations anticycloniques où, associées aux températures élevées, se conjuguent vent faible, subsidence et fort ensoleillement. Toutes ces conditions favorisent les processus photochimiques de formation de l’ozone, avec les polluants primaires azotés et carbonés jouant le rôle de précurseurs (pollution gazeuse). En ville, le stress thermique est d’autant plus fort que la température nocturne reste très élevée, générant le phénomène d’îlots de Chaleur Urbains (ICUs, Oke, 1982). A l’échelle de la France, Santé Publique France a par exemple estimé la surmortalité associée à la canicule de 2018 à 1480 personnes.

La méthodologie mise en place vise au développement d’un réseau de capteurs de température sur l’ensemble du territoire de Dijon Métropole. Ce réseau est actuellement constitué de 60 stations déployées sur des communes urbaines, périurbaines voire rurales de la métropole. Ces sondes HOBO U23 pro V2 enregistrent température et humidité relative toutes les heures. Ces mesures sont ensuite croisées avec des températures simulées par deux modèles de climat : le modèle américain Weather Research and Forecasting (WRF) et le modèle méso-échelle de Météo France (MESO-NH) afin d’analyser les structures spatio-temporelles et tout particulièrement l’ICU. Cette méthodologie doit prochainement évoluer, à l’aide de plusieurs financements prévus pour acquérir de nouveaux appareils, qui seront connectés et déployés sur l’ensemble du territoire métropolitain. Le programme POPSU sera mis à profit pour concevoir le réseau (implantation des sondes) et intégrer ce dispositif dans la plateforme urbaine d’expérimentation.

Le suivi en temps réel permettra de fournir un monitoring de l’évolution des températures de jour comme de nuit. A très court terme, cette connaissance permettra aux agents du service canicule du CCAS de Dijon d’être les plus précis et efficaces dans la prévention des personnes vulnérables. A moyen terme, le réseau MUSTARDijon pourrait être utilisé pour améliorer les alertes canicules, actuellement déclenchées par la préfecture, d’après une mesure effectuée en milieu périurbain. Le phénomène d’ICU étant particulièrement sensible dans les zones urbaines denses, l’utilisation des données temps-réel fournies par les capteurs connectés permettra de mieux cibler les alertes selon différentes configurations territoriales. Enfin sur le plus long terme, cette connaissance très fine des températures peut être utilisée pour concevoir un urbanisme qui vise à être adapté au changement climatique. La caractérisation précise d’un cadastre climatique selon la méthodologie Local Climate Zones (LCZ), développée par Stewart and Oke (2011), qui s’impose ces dernières années comme devenant le standard à l’international permet de réfléchir à l’implantation d’îlots de fraîcheur, par exemple des parcs, ou de concevoir des trames vertes/bleues. Ces scénarios d’évolution pourraient être exposés aux services techniques et élus pour alimenter les réflexions sur les plans stratégiques de la métropole. La conception des scénarios pourra s’appuyer sur les données environnementales recueillies dans l’enquête ménage et déplacement réalisée en 2016 sur la métropole de Dijon.

Les résultats attendus sont :

  • La mise en œuvre d’un réseau de mesures intelligent, pour la température
  • La création d’un réseau entièrement dédié au monitoring sur les températures urbaines
  • Des sites instrumentés représentatifs au regard des Local Climat Zones (LCZ)