Programme

  1. Contexte local centré autour du projet ON DIJON :

De la gestion connectée de l’espace public à la métropole intelligente

1.1. Dijon métropole, capitale régionale de la région Bourgogne Franche comté :

Dijon métropole, installée dans ce statut depuis avril 2017, capitale régionale de la région Bourgogne Franche-Comté depuis la fusion des régions issue de la Loi Notre, rassemble 24 communes de 252 000 habitants, autour d’une vision intercommunale ancrée historiquement. Cette jeune métropole rayonne au-delà, sur un territoire essentiellement rural, et de petites villes, dans une région du quart nord-est de la France.

Dijon se trouve confrontée ainsi à plusieurs enjeux. Certains relèvent de son rôle de capitale au sein de la nouvelle région Bourgogne–Franche-Comté, et d’autres sont liés aux transformations rapides de la société.

Face à cela, la métropole a fait le choix d’étendre une stratégie de développement durable, depuis déjà de nombreuses années, renforcée avec le passage en métropole, s’inscrivant dans une dynamique d’ensemble pour accentuer sa position structurante, rayonner au-delà de son périmètre propre, et impulser en tant que capitale sur l’ensemble de la région.

1.2. Conforter son rayonnement et son attractivité :

De nombreux projets, déclinés au sein du contrat métropolitain, ont pour objectif de positionner Dijon en tant que métropole, et ainsi conforter son attractivité. Dijon a enclenché la vitesse supérieure en matière de sujets prégnants : patrimoine, double labellisation unesco. La ville abrite en effet un des quatre sites chargés de représenter la gastronomie française, inscrite au patrimoine culturel immatériel. Par ailleurs, les climats de Bourgogne sont inscrits au patrimoine culturel matériel de l’UNESCO. Ce deuxième label récompense le travail des femmes et des hommes qui travaillent dans tous les vignobles de la région. Dijon reste un haut lieu de viticulture. Sous l’impulsion de François REBSAMEN, la ville est en train de replanter des vignes.

D’autre part, dans le cadre des dossiers nationaux « territoires d’innovation – grande ambition », Dijon Métropole souhaite réfléchir avec l’ensemble des acteurs à un système alimentaire durable à l’horizon 2030 pour toute la région. La métropole souhaite utiliser pour ce faire l’expertise de l’INRA et d’Agrosup. Ce territoire a su faire de la spécialité agroalimentaire un élément de son développement économique.

Dijon vient d’être retenue comme candidate pour devenir capitale verte européenne avec d’autres villes françaises et a gagné la deuxième place du concours mondial des Smart City. Dijon s’est également engagée dans le cadre du programme H2020, et réfléchit avec d’autres villes européennes à l’évolution des métropoles et à la transition énergétique.

1.3. Les préoccupations d’alliances, et de relations

Consciente des liens et des enjeux entre la métropole et ses territoires environnants, la question des alliances territoriales constitue une des orientations stratégiques du Contrat métropolitain. Les questionnements sur les interdépendances entre les territoires et la métropole s’invitent aux débats du fait métropolitain. La métropole souhaite comprendre son influence territoriale, et au-delà des coopérations déjà existantes, elle s’interroge sur les alliances, à mettre en place avec les territoires environnants.

1.4. La ville intelligente, 

Egalement, la métropole de Dijon veut imaginer et construire la métropole du futur en réfléchissant notamment au numérique, qui est un des facteurs majeurs de mutation économique et sociétale et parfois une réelle source d’inégalité. De plus, son développement s’accélère.

Dijon métropole développe un projet innovant de ville intelligente, baptisé “ OnDijon “, démarche partagée d’innovation territoriale, où la technologie numérique va se mettre au service de l’humain. OnDijon permettra de coconstruire des services innovants, de faciliter le quotidien des citoyens et des entreprises, d’améliorer le cadre de vie et de développer le mieux-vivre-ensemble. Ce projet prévoit une gestion centralisée des équipements urbains et connectés. Il sera mis en place en 2019.

Dijon souhaite aussi amorcer, dans ce cadre là, une réflexion sur la gouvernance locale des données, la métropole souhaitant être facilitatrice de l’accès aux données tout en respectant la protection des données individuelles.

  1. Présentation de la problématique et les thématiques retenues

2.1 La ville intelligente au service d’un urbanisme durable en question

Dès 2008, le Commissariat général au développement durable, dans son point sur les villes intelligentes, insistait sur les bienfaits de : « l’introduction des TIC dans l’espace urbain, qui ouvre la voie à de nouvelles fonctionnalités, de nouvelles manières de gérer, de gouverner et de vivre la ville ». 10 ans plus tard, le rapport intitulé : « Vers un modèle français de villes intelligentes partagées » (Juin 2018) débute ainsi : « la fabrication de la ville arrive à un tournant historique ». La transition numérique nourrit désormais l’espoir de technologies conçues pour atteindre l’objectif d’un territoire mieux connecté et d’accompagner la transition socio-écologique. Or, les acteurs de la ville durable et de la ville numérique ne relèvent pas des mêmes communautés. Ils sont parfois mobilisés sur des référentiels antagonistes, ce qui peut susciter des tensions entre une conception technocratique (top down) incarnée par la gouvernance urbaine et les entreprises prestataires ; et une approche plus démocratique (bottom-up) représentée par la population citadine dans son ensemble (Townsend, 2013). Les auteurs du rapport de 2018 préconisent ainsi la mise en place d’un observatoire du numérique et du développement durable pour stimuler le dialogue et les concertations entre les communautés.

Ce projet s’inscrit dans cette perspective en proposant une Plateforme URbaine d’Expérimentation numérique, que nous avons baptisé PURE, sur la métropole de Dijon autour de la durabilité. A cette fin, quatre enjeux majeurs, tirés du rapport de juin 2018, ont retenu notre attention. Tout d’abord, en quoi l’ouverture des données peut-elle permettre d’expérimenter de nouveaux modes de fabrication de la ville ? Ensuite, les collectivités sont-elles en mesure de maîtriser les données pour améliorer les services aux habitants face aux grands opérateurs de gestion urbaine mais également aux GAFA ? Le troisième enjeu part du constat que les différents modèles d’organisation ne prennent pas suffisamment en compte le caractère sociétal de l’innovation des stratégies numériques portées par les collectivités. Cela peut être observé en amont, en explorant la perception des habitants du projet de la « Ville intelligente » mais également en aval en mesurant la capacité d’appropriation de la connaissance et des services offerts par le numérique. Dans cette perspective, le 4e enjeu propose de construire des collaborations interdisciplinaires qui associent les sciences et techniques avec les sciences humaines et sociales en étroite relation avec les collectivités et les opérateurs de réseaux urbains. Enfin sur le plan technique, il s’agit de concevoir une stratégie de collecte et d’échange de données massives entre les différentes parties prenantes de la plateforme, en particulier la métropole  l’université et les citoyens.

Pour répondre à ces enjeux nous proposons de focaliser l’activité de la plateforme d’expérimentation sur quatre principales thématiques de recherche.

Avant d’être un défi technologique, la ville intelligente est avant tout un enjeu citoyen. Dans cette perspective, le premier thème propose d’engager élus, population, associations et universitaires dès le début du projet dans un processus de construction participative d’un observatoire environnemental basé sur un réseau de capteurs. Cette initiative vise à favoriser la capacité d’appropriation des habitants en garantissant les libertés individuelles et un accès sécurisé des données au plus grand nombre gratuitement. Pour ce faire, une consultation de la population et des élus sera organisée en amont et en aval du projet.

Le second thème concerne les températures intégrant les Îlots de Chaleur Urbains (ICU). Le réseau Measuring Urban Systems Temperature of Air Round Dijon (MUSTARDijon) comporte 60 sondes qui mesurent et enregistrent toutes les heures température et humidité relative depuis 2014. Ce réseau sera prochainement doté de sondes connectées qui permettra d’élaborer en temps réel une cartographie fine de la température sur Dijon Métropole. Ces cartes précises de vigilance permettront d’accompagner les élus dans de nouveaux choix d’aménagement permettant d’optimiser l’adaptation au changement climatique.

En troisième lieu, qualité de l’air et mobilité quotidienne seront conjointement étudiées. A cette fin, la métropole de Dijon dispose depuis 2001 d’un réseau de près de 200 stations de comptage routier. Couplée à un modèle de trafic, cette précieuse source sera complétée par des mesures de qualité de l’air via l’installation, courant 2019, d’un réseau de microcapteurs connectés permettant de quantifier 3 fractions granulométriques de particules fines. Ce dispositif sera mobilisé dans le cadre du programme POPSU pour observer la situation actuelle afin de construire des scénarios d’évolution (conversion du parc automobile, démotorisation des populations…).

Le quatrième thème a pour ambition d’assembler température et qualité de l’air afin de mesurer les impacts écologiques et les nouveaux aménagements sur les populations. Il s’agit en particulier d’observer ces évolutions sur les dynamiques démographiques et sur le marché de l’immobilier. Ainsi, de vérifier dans quelle mesure les politiques de piétonisation et de tramway, combinées à l’amélioration de la qualité écologique ont eu un impact sur les transactions immobilières. Inversement, peut-on constater des effets de report des externalités négatives sur les quartiers et les communes périphériques ? Autant de questions qui pourront être abordées dans le cadre d’échanges avec les services techniques et les élus compétents sur ces sujets.

Concernant le fil rouge, le consortium  propose de travailler sur la métropole et ses habitants. Il s’agit tout d’abord de réfléchir à la perception que peuvent avoir les populations vis-à-vis de la stratégie métropolitaine. A cette fin, les données issues des réseaux sociaux (Twitter) pour comprendre les déterminants de l’identité interne/externe à la métropole. Cette question sera abordée dans un second temps sous l’angle juridique. Dans quelles mesure le citoyen est-il connaît-il ses droits et obligations en matière de données numérique ? Quel est le niveau d’acception qu’il est prêt à consentir sur la diffusion de ses données personnelles ? Autant de question qui seront abordées par une étude d’opportunité au regard de la règlementation nationale et européenne.

Pour que cette plateforme urbaine d’expérimentation entre en fonction, il est indispensable de construire un pont entre la collectivité territoriale (Dijon Métropole), le monde académique (les laboratoires UBFC) et les citoyens. Pour cette action transversale aux différents thèmes, une équipe d’informaticiens a rejoint le consortium pour construire une architecture informatique capable de rassembler des informations de natures très diverses et générées en temps réel. Le nouveau data center de l’Université de Bourgogne sera mobilisé pour gérer de façon interopérable ce flux d’information qui pourra être mis à la disposition de la communauté scientifique. Les analyses élaborées par les chercheurs permettront de produire des indicateurs afin d’évaluer les politiques publiques et d’accompagner les élus dans le processus de décision. Enfin, l’ensemble des résultats fera l’objet d’une exposition interactive centrée sur une maquette en 3 dimensions.